Giovanni Bellini. Influences croisées
Samedi 13 mai 2023 à 10h à la médiathèque Edouard Glissant
À travers une cinquantaine d’oeuvres issues de collections publiques et privées européennes, dont certaines présentées pour la première fois, cette exposition met en lumière l’art de Giovanni Bellini et les influences artistiques qui imprègneront son langage pictural. Par une mise en regard de ses oeuvres et celles de ses maîtres à penser, cette exposition – la première jamais consacrée en Europe à cette thématique – montrera comment son langage artistique n’a eu de cesse de se renouveler tout en développant une part indéniable d’originalité. Réparties selon un ordre chrono-thématique, les tableaux de Bellini constituent le fil rouge de l’exposition et sont accompagnés des « modèles » qui les ont inspirés.
Le style de Bellini change de cap avec l’arrivée à Venise en 1475 d’Antonello de Messine qui unit le goût flamand du détail avec les constructions spatiales des artistes d’Italie centrale. Giovanni emprunte à l’art flamand la technique de la peinture à l’huile apportant une nouvelle inflexion esthétique à son oeuvre. Autre source d’inspiration, l’art byzantin, et plus particulièrement les Madones byzantines, marque ses représentations de Vierges à l’Enfant. Il développe également des thématiques représentées par des peintres plus jeunes, comme celle des paysages topographiques inspirés de Cima da Conegliano. Son ultime période est caractérisée par une touche plus vibrante d’une grande modernité. Ce seront les innovations de ses meilleurs élèves – et notamment Giorgione et Titien – qui pousseront le vieux Bellini à réinventer son style.
L’exposition au Musée Jacquemart-André souligne la quête incessante de Giovanni vers de nouvelles aspirations et permet de comprendre en quoi son langage pictural est fait de jeux de miroirs et d’influences, qu’il synthétise magistralement à travers la maîtrise de la couleur et de la lumière.
A écouter sur France Culture. Affaire critique.
Plus d'information sur le site du Musée Jacquemart-André
FrO - 27/04/2023
Arts et Préhistoire
Célèbres Vénus, incontournables fresques de Lascaux et de Chauvet, et bien plus encore..., l’exposition Arts et Préhistoire - au Musée de l’Homme jusqu’au 22 mai 2023 - présente plus de 90 pièces préhistoriques originales et des centaines d’images numériques de peintures et gravures.
Contemplation des œuvres physiques et immersion audiovisuelle et numérique dans l'univers de l'art pariétal et rupestre, Arts et Préhistoire offre une occasion unique de voyager dans des temps immémoriaux. Bien loin de simples accidents figuratifs et isolés, l'exposition dévoile une diversité de formes d'art et d’expressions insoupçonnée.
Ce chapitre fondamental de l'Histoire de l'art n'a cessé d'inspirer les artistes modernes et contemporains. Des œuvres de Louise Bourgeois, Brassaï ou encore Yves Klein sont ainsi présentées à l'aune de cet éclairage préhistorique.
Conférence avec les commissaires de l'exposition
Reportage de TV5 Monde
Plus d'infos sur le site du Musée de l'homme
Public : adolescents et adultes
L'art se livre : les choses

Cézanne - Nature morte au crâne - 1896–1898

Magnificence et périssabilité des choses : voilà, peut-être, comment définir la nature morte
Depuis que l’homme tient sur ses deux pieds, il n’a cessé de représenter les dégâts du temps sur la chaire. Ainsi périment les fruits, ainsi paraissent les crânes sur les toiles, paraissent la bougie et le livre – autant d’objets, de choses, que de signes d’une mortalité pressante de l’être.L’histoire de la nature morte, de l’antiquité à nos jours, est expliquée au musée du Louvre dans le cadre de l’exposition Les choses qui se tient jusqu’au 23 Janvier 2023.
Une sélection bibliographique sur ce courant vous est proposée à l’accueil de la médiathèque – comprenant notamment des ouvrages sur les grands peintres du genre : Cézanne, Chadrin ou encore G. Braque.
Emmanuelle Loizeau, conférencière spécialiste de l’histoire de l’art, viendra présenter l’expositionà la médiathèque Édouard Glissant le samedi 7 Janvier à la médiathèque à partir de 16h.
Plus d'infos sur l'expositon sur le site du Louvre
G. Braque - Nature morte aux citrons - début 20ème
Mélanie Lesourd - 2/01/2023
Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort
Munch - Mélancolie - 1891 / 1896
Né en 1880 en Norvège, Edvard Munch est devenu l’icône du peintre maudit, morose, au coup de pinceau flottant et unique. Il n’eût de cesse de travailler sur la représentation de la douleur, des états d’âme, de la destinée, de l’essence de l’être.Sa peinture est souvent qualifiée comme un « déversement ». Son œuvre coule, bouge, se liquéfie, mais toujours pour servir et faire vivre sur la toile un état émotionnel fort. Certains diront que « c’est très glauque », quand d’autres seront époustouflés par les couleurs vives et fumantes de certaines œuvres. Dans tous les cas, la patte d’Edvard Munch laisse rarement indifférent. Son œuvre induit une dualité, ou peut-être une unité, qui confronte les souffrances de l’homme à la magnificence de la nature.
C'est ce qu'explique Hajo Düchting dans la monographie qu'il a
consacrée à l'artiste :
« La nature et l’homme forment une unité. Des êtres humains, debout et solitaires dans des paysages de désolation. [...] La composition et le choix des couleurs expriment la puissance symbolique de la nature. »
Une exposition sur le peintre norvégien se tient en ce moment au Musée d’Orsay. Emmanuelle Loizeau, conférencière spécialiste de l’histoire de l'art, sera à la médiathèque le samedi 17 décembre à 16h pour commenter et alimenter l’événement.
Au plaisir de vous y retrouver.
Nuit étoilée - Munch - 1893
Mélanie Lesourd - 09/12/2022
Pierre Soulages : le noir fait voir, le noir éclaire

Des Causses à l'abstraction
Natif de Rodez, Pierre Soulages est fasciné par les plateaux érodés des Causses et les vieilles pierres du Rouergue. Il découvre l'art roman à douze ans. En 1936, les publications dédiées aux peintures rupestres et aux grottes ornées, notamment celles d'Altamira en Espagne et de Lascaux, sont une nouvelle source d'émerveillement, non moins que les statues-menhirs datant du Néolithique.
Cela fait déjà deux ans que Pierre Soulages peint tous les jours des paysages d'hiver, dépouillés. Pendant la guerre, il échappe au STO en travaillant dans les vignobles du montpelliérain. En 1943, Sonia Delaunay, l'épouse du peintre Robert Delaunay avec qui elle a entrepris de colorer le cubisme d'orphisme, lui ouvre le monde de l'art abstrait. En 1946, Soulages s'installe à Paris et rompt avec la peinture figurative. Sa technique privilégiée est alors celle du goudron sur verre. Sa première exposition date de 1949. Le peintre travaille aussi à confectionner des décors de théâtre. En 1954, le marchand d'art de Picasso organise sa première exposition dans une galerie new-yorkaise. La notoriété de Soulages est croissante, en connaissant une première culmination avec les première rétrospectives au début des années 60. En 1965, il réalise son premier vitrail sur demande d'un musée d'art d'Aix-la-Chapelle.
En 1972, une affiche est retenue pour les JO de Munich. Pourtant, la période est à l'interruption de la pratique picturale, jusqu'au début 1974. Pierre Soulages renoue avec l'eau-forte et la lithographie, il s'initie à la sérigraphie. Et puis c'est le noir : événement.
L'événement de l'outrenoir
Un jour de janvier 1979, Pierre Soulages travaille à une toile qui lui résiste. Quand le noir s'impose, partout. Il n'y a plus que lui. L'expérience est quasi-mystique. Le monopigmentaire plutôt que le monochrome est un monde aussi vaste que l'univers, un cosmos dont il ne sortira plus. En 1990, le peintre a trouvé le nom de ce noir qui l'obsède tant, qui est la différence à l'état pur : l'outrenoir.
L'outrenoir est le noir plus que le noir, c'est-à-dire le noir en tant qu'il intensifie la lumière au lieu d'en prescrire l'abolition : « au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l'être devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un autre champ mental que celui du simple noir ». Le noir fait voir, le noir éclaire, le noir est lumière.
Entailles et à-plats, reliefs et sillons résultant des brossées de la matière pigmentaire noire qui animent les toiles géantes et les polyptyques. Si le noir peut avoir besoin parfois d'autres couleurs, le bleu, le blanc et le brun, c'est alliées au noir qui est mystère.
D'un côté, la singularité de Soulages pourrait avoir pour précurseur le suprématisme de Kasimir Malevitch dont le Carré noir (1923-1930) est l'une des manifestations d'une esthétique plongeant dans l'obscurité pour en extraire de nouvelles forces mystiques. De l'autre côté, les variations infinies de l'outrenoir peuvent faire songer aussi à l'inframince cher à Marcel Duchamp afin d'expérimenter la différence la plus mince ou ténue, la différence la plus essentielle et pure, la plus riche en effets de parallaxe.
Avec Pierre Soulages, le noir est la non couleur qui fait voir et éclaire, qui offre de nouvelles puissances à la lumière en redonnant de nouvelles chances aux autres couleurs du spectre. S'il n'y a aucune symbolique du noir chez lui, il y a cependant un geste dont la radicalité consiste aussi à inverser une vieille tradition charriée dans les cales de la civilisation occidentale en redonnant au noir une positivité quasi-cosmique. Le noir ne s'oppose pas à la lumière en l'anéantissant. Le noir fait voir, éclaire ; il transcende, illumine.
Black is beautiful.
À lire, à voir, à écouter
En 2017, Stéphane Berthomieux consacrait un film documentaire à Pierre Soulages, actuellement visible en accès libre sur Internet.
PODCAST FRANCE CULTURE
Pierre Soulages : "Qui regarde ma peinture est dans ma peinture"
Saad Chakali - 28/10/2022
Pharaon des deux terres
Une conférence d'Emmanuelle Loizeau, historienne de l'art
Au VIIIe siècle av. J.-C., en Nubie, un royaume s’organise autour de sa capitale Napata. Vers 730 av. J.-C., le souverain Piânkhy entreprend de conquérir l’Égypte et inaugure la dynastie des pharaons koushites. Ses successeurs, pharaons de la 25e dynastie, régneront durant plus de cinquante ans sur un royaume s’étendant du delta du Nil jusqu’au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le plus connu d’entre eux est sans conteste Taharqa.
L'exposition, qui se tient jusqu’au 25 juillet au Musée du Louvre, se concentre sur le rôle de premier plan de ce personnage historique et de ce vaste royaume, se situant aujourd'hui au centre du Soudan. Statues et autres œuvres immergent les visiteurs au cœur d'une histoire vieille de plusieurs millénaires.
Samedi 18 juin 2022 à 10h à la médiathèque Édouard Glissant
À lire
Gaudí
Conférence d'Emmanuelle Loizeau, historienne de l'art
Antoni Gaudí (1852-1926), architecte et créateur de génie, a marqué l’Espagne au tournant du XXe siècle et continue de fasciner de nos jours. Pour la première fois depuis cinquante ans en France, une exposition de grande envergure est consacrée à ce maître de l’Art nouveau, jusqu’au 17 juillet au Musée d’Orsay. Elle montrera l’extraordinaire créativité de cet artiste singulier, porteuse des bouleversements à l’œuvre dans la Catalogne de la fin du XIXe siècle, et qui s’exprime autant dans les détails de son mobilier qu’à l’échelle d’un projet architectural hors du commun : la Sagrada Familia à Barcelone.
Samedi 14 mai 2022 à 10h
Médiathèque Édouard Glissant
À lire, à voir
Picasso-Rodin : La nature en perpétuelle gestation
Beaucoup ont dit, à l'annonce de l'exposition Picasso-Rodin qui a actuellement lieu sur Paris jusqu'au 2 Janvier 2022, « Mais qu'est-ce que les professionnels de la culture sont encore allés chercher, à croiser sans cesse des œuvres sans rapports apparents... à vouloir tout ficeler, tout justifier, tout théoriser ? ».
Dans une interview accordée à Catherine Chevillot, directrice du musée Rodin, difficile pourtant de ne pas se laisser convaincre par la proximité artistique de ces deux génies. Leurs oeuvres sont étroitement liées par une même démarche créatrice :
« [Pour eux] il ne s'agit pas d'imiter la nature. La nature est un modèle en perpétuelle gestation. »
En d'autres termes, le point commun, indéniable à ces deux figures gigantesques de l'histoire de l'art, réside dans une recherche du mouvement vital de l'individu, de l'émotion la plus parlante, impossible à fixer sur papier ou à sculpter, parce qu'éphémère. Picasso défigure, cherche les profils les plus ardents, d'un trait non pas réaliste mais cubiste – un principe de déformation du réel – donnant à voir des personnages organiques, vivants. A l'image du Penseur de Rodin, dont les courbes ruisellent de sentiments.
Dans un ouvrage des éditions BeauxArts sorti à l'occasion de l'exposition (photo ci-dessus), des premières clefs de lecture nous sont données pour mieux apprécier l'exposition.
Cette première lecture croisée est troublante de vérité. Picasso n'a eu de cesse de faire des clins d’œil à son prédécesseur. Les comparaisons sont non seulement des plus intéressantes, mais elles sont aussi, plus simplement, belles, à l'image du Baiser qui illustre la première de couverture, ou encore de ces corps disloqués mais sensibles, La Nageuse pour Picasso, l'Etude pour Iris de Rodin.
La conférencière et spécialiste de l'histoire de l'art Emmanuelle Loizeau nous en dira davantage lors de son intervention à la médiathèque le 16 Octobre prochain (plus d’informations dans l’agenda). En attendant, nous vous invitons à consulter la bibliographie ci-jointe à notre article, mais surtout à venir profiter de ces lectures directement chez nous, bien installés dans nos fauteuils (ou bien chez vous, sur votre canapé).
Au plaisir de partager nos passions et de vous revoir pour enfin (re)parler d'art.
ML - 17/09/2021
Christian Boltanski, une oeuvre sensible habitée par l'enfance et la mémoire
Lors de cette exposition, nous avons fait don à Boltanski des battements de notre cœur pour ses Archives du cœur qu'il conserve sur l’île de Teshima au sud du Japon, une présence de l'absent.
Visite de l'expositon rétrospective au Centre Pompidou, mars 2020
A lire, à voir
Street art : un bol d'air pour la culture
Cyrille Benhamou et Marie Christian.
Le Street Art, né à la fin du 20ème siècle, ne se résume pas seulement aux graffs, parfois parasites de nos espaces, souvent poétiques. Dès l'instant où l'art s'installe dehors, il est dit « street » : installations farfelues, sculptures modernes de bois, bronze ou plastique, pochoirs, stickers, ce courant éclectique use de techniques éparses, pourtant dans un seul et même but : nous obliger à faire un pause.
Un peu à l'image du confinement que nous avons vécu, le street art nous interpelle, questionne nos rythmes, nous met à l'arrêt, nous émeut, nous recentre.
Riche de près de 600 œuvres, Les murs du confinement est un ouvrage anthologique, regroupant les pépites artistiques nées pendant « la première vague », aux heures (une heure par jour) perdues (gagnées ?).
L'ouvrage sera bientôt disponible à la médiathèque. En attendant, une sélection vous est proposée en section Arts, pour vous faire découvrir les artistes phares de ce mouvement souvent injustement décrié.
Nous vous invitons également à découvrir l’exposition de l’artiste Hopare, qui se tient actuellement Place du Louvre. Habituellement, le peintre nous donne à voir sur toutes sortes de façades des visages sublimes de réalisme et dans le même temps, des visages sombres, filandreux, presque brisés.
Ces « têtes » se matérialisent en sculpture de bronze. Elles scrutent, contemplent la façade du musée, incessamment fermé, attendent patiemment que les œuvres piégées au Louvre sortent de leur silence.
Quelques noms à retenir :
Doze Green
Blek le rat
Banksy
Bonne lecture, bonne rêverie, bon questionnement, et belle journée à vous.
L'art se livre
Chaque mois, la médiathèque Édourd Glissant vous propose de partir à la découverte des grandes expositions à l’affiche à Paris au travers de conférences. Avec votre guide Emmanuelle Loizeau, docteur en histoire de l’art, vous irez à la rencontre d'un artiste, d’une oeuvre, d'un mouvement artistique. Ce semestre, deux conférences vous attendent : Picasso et la bande dessinée et Matisse.