Angelo Badalamenti, son démon était notre sirène
La nuit du monde que nous avons dans l'oreille
On reconnaît un cinéaste à son style visuel. On peut le reconnaître aussi aux ambiances musicales qui accompagnent son œuvre en prolongeant ses puissances d'envoûtement. Penser au cinéma de David Lynch c'est aussitôt penser aux musiques d'Angelo Badalamenti, les entendre à jamais résonner. Avec la mort de son musicien favori, David Lynch vient de perdre plus qu'un complice. On imagine Ulysse endeuillé d'avoir l'oreille mutilée, coupée de la voix, chant et musique, de sa sirène préférée. On imagine David Lynch aujourd'hui comme il s'est lui-même représenté dans la série Twin Peaks : affecté de surdité.
Angelo Badalementi, le démon musicien de David Lynch, aura en effet réussi à rendre audible les forces impersonnelles et inouïes par elles-mêmes qui nous traversent en les reconnaissant avoir toujours déjà hanté le cinéaste : la nuit du monde que nous avons dans l'oreille. Le cordon de nos oreilles est désormais relié aux siennes depuis qu'a opéré le chant profond exprimant que le démon musicien aura été non seulement le génie d'un sorcier en cinéma mais également son Ariane, sa sirène – et la nôtre aussi bien.
Entrer dans l'oreille de David Lynch, une alchimie inouïe
Angelo Badalamenti est né à New York en 1937 de parents d'origine italienne (son père est d'ascendance sicilienne, il saura s'en souvenir à l'occasion d'une séquence mémorable de Mulholland Drive). Ce natif de Brooklyn formé dans les meilleures écoles de musique de la région, la Eastman School of Music puis la Manhattan School of Music en 1960, débute en travaillant aux arrangements de chansons de Nina Simone et Shirley Bassey. Il a travaillé ensuite pour d'autres chanteuses, Liza Minnelli, Marianne Faithfull et Julee Cruise, décédée en juin dernier, qu'il fait débuter en débutant avec elle dans le cinéma de David Lynch, à l'occasion de Blue Velvet (1986).
S'il signe ses premières participations cinématographiques du nom d'Andy Badale, pour La Loi et l'ordre (1976) d'Ivan Passer notamment, il retrouve son nom en étant consacré dans l'amitié artistique nouée avec David Lynch avec qui il travaille sans interruption de Blue Velvet à la troisième saison de la série Twin Peaks en 2017 (à l'exception de INLAND EMPIRE). Une amitié de plus de trente années, entrecoupée d'autres collaborations pour divers réalisateurs, notamment Paul Schrader (à cinq reprises) et Jean-Pierre Jeunet (pour deux films).
Mais c'est avec David Lynch qu'advient l'inouï, le charme comme un sortilège dont la magie relève de la pure alchimie. La cristallisation des sensibilités témoigne de la reconnaissance des altérités gémellaires, l'un et l'autre étant pour chacun son accompagnateur placentaire. Tout un précipité de musiques, de chansons et d'ambiances, stridentes ou vaporeuses, veloutées et vénéneuses, qui sont inoubliables une fois qu'elles ont pénétré à l'intérieur de notre oreille.
Le tympan et le conduit vestibulaire
Derrière l'écran de cinéma qui est aussi celui de l'oreille, la membrane tympanique assurant la circulation des énergies paniques entre le dehors et le dedans, il y a un conduit vestibulaire, c'est tout un complexe labyrinthique ouvrant sur les grands océans intérieurs aux couleurs et tonalités incessamment variées. Jazz de piano-bar vénéneux (Blue Velvet), expérimentation industrielle entre symphonisme et bruitisme (Industrial Symphony n°1), claviers ténébreux frayant dans les parages les plus obscurs et effrayants de la forêt (Twin Peaks), feux de camp et country mélancolique (Une histoire vraie), nappes phréatiques plongeant dans le naphte des mondes parallèles (Mulholland Drive) et créatures intermédiaires comme jaillies d'un traité de Paracelse (Twin Peaks, le long-métrage et ses trois saisons, entre 1990 à 2017).
Si le cinéma de David Lynch est hyper-sensible à l'existence de plus d'un monde, ouvrant les sens sur la multiplicité non hermétique des mondes parallèles en y prêtant l'oreille, Angelo Badalamenti aura été le compagnon placentaire, l'Ariane d'une exploration des labyrinthes paniques situés derrière l'ourlé des rideaux rouges de l'écran tympanique. L'un aurait donc été le tympan, l'autre le vestibule. Ils n'auraient dans les faits jamais cessé d'intervertir les rôles puisqu'ils se sont su d'emblée être l'un pour l'autre son doppelgänger préféré.
Les eaux de la sirène, les larmes de notre secret
Angelo Badalamenti est un magicien des claviers, le sorcier brassant des mixtures sonores dans le chaudron profond de nos cavités. Le magicien démon est aussi une sirène. Sa séduction démonique est un ravissement, un charme, un envoûtement que l'on peut en effet qualifier de sirénique.
Qu'est-ce qui caractérise le chant d'une sirène ? Relisons à cet effet le douzième chant de l'Odyssée. Ce chant est celui qui perce le secret le plus intime de son auditeur. Quand on pleure en écoutant une chanson ou une musique, c'est qu'elles sont parvenues à accéder à l'endroit le plus intime, la cavité d'un secret souvent ignoré. La sécrétion versée atteste alors qu'un secret vient d'être révélé, sa poche percée par le chant qui a réussi à en dévoiler le contenu tacite. Les sirènes ne livrent pas leur mélodie propre, mais chantent depuis le lieu enfoui de leurs écoutants. Elles déverrouillent ainsi leur gorge en en tirant l'émotion cachée qui se révèle un souhait oublié.
On a pleuré plus souvent qu'à notre tour devant les films de David Lynch, et à l'écoute des musiques d'Angelo Badalamenti. On pleure en comprenant désormais que le musicien aura été la sirène de David Lynch – et la nôtre aussi bien, tous Ulysse jetés dans les dédales océaniques et schizophréniques d'une inconsolable mélancolie.
Pour s'en convaincre, il faut voir et revoir sans jamais s'en lasser la petite vidéo de cinq minutes montrant Angelo Badalamenti expliquer comment il a trouvé en quelques minutes, avec David Lynch à ses côtés, le thème de Laura Palmer pour la série Twin Peaks. L'émotion qui s'empare alors de nous est celle dont se ressouvient le musicien qui, devant ses claviers, en revit le sublime devant nos yeux, imprégnée des eaux du chagrin dans lesquelles Laura Palmer s'est noyée en devenant à son tour une sirène.
David Lynch est un génie du cinéma contemporain, à l'écoute des bruits inaudibles du monde et Angelo Badalamenti l'aura été pour lui en étant son Ariane sirénique.
Julee Cruise flotte, l'ange est elle
Les anges ont des ailes qui caressent le cinéma déchiré de David Lynch, comme les battements de paupières d'un schizo. Quand passe l'ange, il sauve de justesse son spectateur de la bête inconnue et furieuse qu'il porte dans son ventre. La visitation de l'ange est un cliché de catéchisme qui, malgré tout, retrouve de la jeunesse quand elle est l'épiphanie des êtres dont le désir est un gouffre séparant les enfers du paradis. La visitation de l'ange annonce la promesse d'une jeunesse immobile, éternelle.
Annonciation : les anges passent, un ange est passé, le charme a opéré, la vie a changé. Dans l'air, une voix demeure, inouïe. Alors tout se tait. L'ange est elle dont la voix a déverrouillé nos plus intimes tonalités. Elle : Julee Cruise.
Quand il réalise Blue Velvet (1986), David Lynch a le souhait d'intégrer la reprise d'une chanson de Tim Buckley, Song to the Siren, par le groupe This Mortal Coil mais les droits s'avèrent trop élevés (on l'entendra plus tard, dans Lost Highway). Le cinéaste a alors l'idée de demander à son compositeur nouveau venu dans son univers, Angelo Badalamenti, de lui écrire une chanson originale, Mysteries of Love. C'est leur première collaboration, cruciale pour la suite. Son interprète, recommandée par ce dernier, est Julee Cruise.
La voix feuilletée d'une blonde diaphane ourle les rideaux bleus de Blue Velvet ; elle remuera ensuite les rideaux rouges de la série Twin Peaks (1990-1991). Le travail de mixage en multipliant les pistes vocales fait le plissement raffiné d'un chant subtil comme un parfum, la subtilité de la voix subtilisant nos vieilles réticences. Une jouvence.
Julee Cruise est l'ange sororal des femmes damnées du cinéma de David Lynch, Dorothy Valens et Laura Palmer, Betty/Diane et Rita/Camilla, respectivement incarnées par Isabella Rossellini et Sheryl Lee, Naomi Watts et Laura Elena Harring, toutes inoubliables. Diaphane, Julee Cruise flotte au-dessus des chairs blessées, dans l'éther des amours non corrompues, ce rêve qui redonne aux femmes alourdies par la jouissance des hommes la possibilité de flotter in extremis au-dessus de l'abîme. Julee Cruise est une apparition angélique et nymphale, preuve en est sa diaphanéité. C'est aussi une sirène dont la voix dépose sur le seuil des images qui tremblent l'intime secret de leur spectateur. L'amour existe, toujours fugitif et rare. L'amour existe et si peu y croient, peu l'ont vu : c'est le paradis dont se souviennent ceux dont la vie est infernale.
Julee Cruise flotte (Floating, I Float Alone). Elle flotte dans les airs et ses amis sont les oiseaux (The Nightingale, The Swan). Elle flotte et le monde tourne autour de sa voix (The World Spins). Julee Cruise flotte et ses mystères ont la couleur de la fleur de l'idéal, rose bleue près de la fontaine rêvée par Novalis (Questions in a World of Blue).
David Lynch dédie à Julee Cruise une pièce musicale originale, intitulée Industrial Symphony n°1 : The Dream of the Broken Heart (1990). Avec l'autre ange qui est son double placentaire, Angelo Badalamenti, le cinéaste lui offre un album, The Voice of Love (1993). Il est temps pour l'ange désormais de voler de ses propres ailes.
Julee Cruise a composé ensuite deux albums aux sonorités plus jazz, The Art of Being a Girl (2002) et My Secret Life (2011). Elle revient faire un dernier tour de piste en reine blanche de la dream pop dans la troisième saison, sublime, de Twin Peaks : The Return (2017). Comme nous, Julee Cruise a vieilli, elle n'a pourtant pas changé. L'ange dont la voix demeure suspendu dans l'air comme des particules de vapeur susurre que sa diaphanéité est entrée dans nos cœurs.
Per monstra ad astra : des monstres aux étoiles, le cinéma de David Lynch va et revient, toujours irrésolu. Chez lui, les démons prolifèrent dans la friction obscène entre les mondes, tandis que les anges passent en annonçant qu'il n'y a rien de plus beau, ni de plus rédempteur, que l'impuissance. L'impuissance est désœuvrement, c'est-à-dire neutralisation des volontés et des activismes qui ne le sont que du néant. Le désœuvrement, Julee Cruise en aura, à travers notre gorge, donné le chant.
Julee Cruise est passée ; éternelle, elle demeure dans l'abri des cœurs qui ont appris avec l'ange à désirer leur impuissance, ce secret logé dans la crypte de leur cœur. Les cœurs brisés le sont sans épuiser jamais, l'éther soulevant le rideau des clichés, les mystères de l'amour, mystères insondables pour amours irrémédiables.
Nous vous avons préparé une liste de documents présents sur Music Me ou empruntables à la Médiathèque :
Vangelis
Vous retrouverez plusieurs de ses plus fameux albums sur notre table présentation, ainsi que par le biais des ressources numériques que nous vous offrons avec votre abonnement (via MusicMe).
Mikis Theodorakis
Mikis Theodorakis est l'auteur d'une œuvre gigantesque, protéiforme, et le plus célèbre des compositeurs grecs. Il a écrit des centaines d’opéras, d’oratorios, de musiques de chambre ou de variété. Résistant, il a été de tous les combats. Face au nazisme puis aux colonels ; il est le symbole de la résistance en Grèce à travers les époques. Arrêté et torturé en 1941, il le sera encore en 1946, puis dès le début de la dictature des Colonels en 1967.
Theodorakis a composé des centaines de mélodies, souvent sur des textes de grands poètes : Garcia Lorca, Yanis Ritsos, Pablo Neruda, Odysséas Elytis qu’il a fait connaître, Georges Séféris…
Mikis Theodorakis était devenu célèbre en composant la musique du film Zorba le Grec (1964) de Michael Cacoyannis, reprise à travers le monde. On lui doit aussi la musique de films comme Les Amants de Teruel (1962) réalisé par Raymond Rouleau, Z (1969) de Costa-Gavras ou Serpico réalisé par Sidney Lumet (1973).
Mikis Theodorakis s’est éteint ce jeudi 2 septembre 2021 à l’âge de 96 ans laissant une œuvre et un combat éternels.
3/09/2021 - FrO
A écouter sur MusicMe ou à emprunter :
Les concerts et spectacles reprennent
Voici quelques spectacles proposés en ligne pour l'instant, certains reprogrammés très vite sur les scènes de Paris et sa banlieue.
La Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin réouvre ses portes et ses jardins.
Quelques concerts à suivre sur sa plateforme, en lien avec Cuture Box.
La flûte de Naïssam Jalal
Rodolphe Burger et les chanteurs de raï
Le jazz de Limousine
Spectacles vivants Sur Arte Spectacles
A l'affiche du Théâtre de Chaillot et Théâtre de la Ville ou créés spécialement pour être vus en ligne, de très beaux spectacles.
Adrien M et Claire B , un spectacle numérique plein d'humour :
Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui transpose la danse contemporaine dans le désert :
Il danse dans la neige :
Sofiane Pamart au Piano Day d'Arte Concert :
Hommage à chick corea
Après ses débuts avec Miles Davis, il mixe et expérimente les instruments électroniques, créant le jazz fusion aux côtés, entre autres, de Larry Coryell, Al di Meola, Stanley Clarke, Georges Duke...
Après 23 Grammy Awards, son piano électrique Fender Rhodes résonnera toujours au firmament des grands du jazz. Quelques perles à écouter absolument :
Et aussi :
MUSIQUE EN LIGNE
Il faudra encore patienter pour s'asseoir dans une salle de spectacle, toutefois la musique vivante est partout présente en ligne. Voici quelques idées de concerts pour nous aider à traverser ces temps troublés.
L'OPERA S'INVITE CHEZ VOUS
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- Sur les sites de l'Opéra ou de Culture Box, gratuitement, quelques productions emblématiques du répertoire de l'opéra : Carmen, Le Barbier de Séville, Le Songe d'une Nuit d'été...
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- A louer pour une somme très modique sur operadeparis.fr, quelques exemples d'opéras ou ballets enregistrés récemment au Palais Garnier ou à l'Opéra Bastille.
Tchaikovsky et le Ballet de l'Opéra, Le Lac des Cygnes
- A suivre également, des petits films intitulés 3è Scène, tournés dans Paris ou sur les toits de l'Opéra Garnier. Souvent surprenants, toujours magnifiques.
Paris-Satie
ARTE CONCERTS
Arte vous invite aux concerts de David Bowie, Melody Gardot ou Philippe Katerine, Tous les genres sont représentés, des concerts mythiques aux plus récents, et c'est gratuit.
Petite sélection
Pop rock
Jazz
Electro
JAZZ A LA DYNAMO DE BANLIEUES BLEUES
A défaut de festival annuel, la Dynamo propose pendant le confinement :
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- des actions pédagogiques, en ligne pour cette année, en direction des scolaires et des élèves des conservatoires du département.
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la mise à disposition de salles et de matériel technique pour des répétitions.
- des concerts en ligne, en lien avec Culturebox.
CULTUREBOX
Le journal Télérama nous informe que sur la TNT, est lancée une chaîne gratuite dédiée au spectacle vivant et aux artistes.Le lancement est prévu début février, et elle devrait disparaître lorsque les spectacles reprendront.A voir et entendre, des archives ou des concerts récents :
Electro-pop féminin
Rock français
THEATRE DE LA VILLE
Le Théâtre de la Ville propose des Concerts-fictions en lien avec France Culture. Création sonore et artistique originale adaptée du patrimoine littéraire mondial, un concert-fiction nous permet de redécouvrir des textes classiques ou contemporains, illustrés par de grands orchestres.
Radio : International 80's
Votre nouvelle radio thématique à écouter sur MusicMe
La fin de l'année approche ! Pour notre nouvelle radio numérique sur MusicMe, vos discothécaires vous proposent de revenir sur une autre décennie musicale : les années 80 et ses titres qui ont briller à l'international. Nostalgie !
Cette décennie fut une décennie de folles expérimentations musicales qui ont posé pas mal de bases de notre musique actuelle. Alors que le punk se meurt, évolue la scène dite "post-punk" avec des groupes comme Depeche Mode, The Cure ou encore Joy Division, qui n'hésitent pas a expérimenter des sonorités plus électroniques à côté du rock plus traditionnel. C'est l'ére du synthé avant celle des DJ, on y voit les bases des musiques électroniques. Les artistes autrefois punk cherche a renouveller leur style. David Bowie se renouvelle encore. La musique hip-hop se dévellope dans les zones urbaines américaines. Emerge de grands artistes FM. Arrive le triangle doré: Michael Jackson, Madonna, Prince, pour ne citer qu'eux. Une décennie en réalité d'une incroyable diversité derrière les idées reçues !
ECOUTEZ
par ici les sorties
NOUS AVONS ECOUTE POUR VOUS LES ALBUMS DE NOVEMBRE
Gus Levy, Magia Magia. La pure magie d'une pop-bossa nova rêveuse et psychédélique.
Melody Gardot, Sunset in the Blue. La douceur et la voix suave de Melody Gardot, dans un splendide album compilé en ligne pendant le confinement, avec des artistes du monde entier, dont Sting
Eels, Earth to Dora. La pop lumineuse de The Eels
Stracho Temelkovski, The Sound Braka. Un jazz au parfum des Balkans et de l'Orient, concocté par un poly -intrumentiste grenoblois, avec Omar Sosa.
Potatohead People & De La Soul, Mellow Fantasy. Un mélange comme on les aime de rap, funk, soul, R & B, pour danser dans son salon.
Emma Donovan & The PutBacks, Crossover. La soul groove et la voix puissante d'une chanteuse aux origines aborigène.
Pumpkin & Vin’S da Cuero, Abysses Repetita. La rappeuse et le beatmaker nantais font exploser leurs codes dans leur nouvel album "Abysses Repetita".
A suivre de très très près.
Hommage à Juliette Gréco
La muse de Saint-Germain-des-Près, icône de la chanson française et comédienne, s'en est allée en laissant derrière elle des titres éternels.
Elle chantait les poètes. Ils écrivaient pour elle. Juliette Gréco a inspiré Boris Vian, Jacques Prévert, Serge Gainsbourg mais aussi Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau, Robert Desnos, Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel etc. Une longue liste d'auteurs et des titres éternels : Désabillez-moi, La Javanaise, Jolie môme...
Retrouvez sa voix unique avec cette sélection de documents.
Radio : retour sur les années 90
La radio de Jordan à écouter sur MusicMe
C'est l'heure d'une rentrée et d'un automne en musique ! Pour notre nouvelle radio numérique sur MusicMe, vos discothécaires vous proposent de revenir sur une décennie musicale. Nous avons cette fois jeté notre dévolu sur les années 90 ! En dépit des critiques qui lui sont reprochées, cette période charnière marque l'avènement de nombreux genres musicaux et de nouvelles manières de faire de la musique. L'influence de la musique hip-hop venue des Etats-Unis (Public Enemy, Cypress Hill) au cours des années 80 voit l'émergence de la scène rap française (IAM et NTM en tête), le rock se renouvelle aux Etats-Unis avec le grunge et le garage rock (Nirvana, Pearl Jam) tandis qu'au Royaume-Uni la Brit'Pop apporte un vent de fraîcheur au rock britannique (Oasis, Blur). Surtout les années 90 marquent la démocratisation de la musique electro et de la figure du DJ (Daft Punk, Moby) avec une "French Touch" qui apporte un rayonnement à l'international de la musique électronique française.
Notre radio est accessible librement en un clic ci-dessous. Pensez avant à vous connecter à votre compte lecteur !ECOUTEZ
The great black music - saison 3
Les années 80 : dérivés commerciaux
La fin des années 70 voit la naissance du disco, dérivé du funk, mais débarassé de ses messages sociaux. Seule la partie musicale est mise en valeur et diffusée dans les boîtes de nuit et les clips télévisés qui se succèdent, pour le plus grand bonheur des danseurs du samedi soir et des producteurs.
On voit apparaître aussi l'immense Prince, qui se démarque nettement. Son grand talent et sa liberté lui permettant d'assimiler les différents styles, il se tient au carrefour de toute les influences. Il a également propulsé sur le devant de la scène la batteuse Sheila E.
Le rap et le hip hop
Un peu avant les années 80, explose le rap dans les ghettos du Bronx. Il est issu du spoken word, (scander des poèmes engagés), et du funk pour la rythmique.
La musique utilise le sample pour reproduire et mixer des sons issus de la soul, du jazz ou du funk.
Quant au textes, le rap étant issu du ghetto, ils sont souvent revendicatifs, voire violents et misogynes, pour la partie la plus médiatisée.
Cependant beaucoup ne souhaitent pas correspondre à cette image négative, parlant de problèmes sociaux et raciaux dans un style moins agressif et souvent poétique.
Le hip hop, art de la rue, réunit les graffitis, la musique et la danse.
La relève est assurée
Mixité filles - garçons , Noirs et Blancs ensemble dans un mélange des styles soul, jazz, hip hop, électro, reprises des classiques du jazz...tout est (enfin) permis !
De meilleurs jours viendront
Beaucoup d'artistes entonnent des messages de paix, tolérance, liberté, espoir et égalité entre sexes, toutes couleurs de peau confondues.
On reprend et réactualise également les messages des gospels traditionnels.
A change is gonna come ( Le changement va arriver
l'influence de ce magnifique morceau écrit par Sam Cooke en 1963, dans un contexte tendu, a été énorme.
Repris par Otis Redding lors de l'élection de Kennedy, porteur d'espoir, il était diffusé avant les discours de Martin Luther King.
Barack Obama en a cité des extraits lors de son investiture en 2008.
On compte à ce jour 26 reprises de cet air emblématique, par exemple celles de The Supremes, Aretha Franklin, Seal, Everlast, TIna Turner, Etta James...
En 2016, le rappeur Common est invité à délivrer un message de paix à la Maison Blanche dans un mélange de rap, soul et jazz,
Accompagné, entre autres musicien-nes, par le magnifique pianiste Robert Glasper, il nous parle de la place des femmes dans le monde, et interprète le gospel Freedom Come .
Pour terminer, voici résumés tous ces repères musicaux dans cet excellent clip de Gang Starr, Jazz thing :
THE GREAT BLACK MUSIC- SAISON 2
Différents styles de jazz
Au début des années 40, le swing prédomine, rythme chaloupé plus ou moins rapide et dansant. C'est l'ère des big-bands, grands orchestres à danser, pourvoyeurs de clientèle pour les clubs de Harlem.
Voyant donc le jazz récupéré par les Blancs à des fins commerciales, les Noirs inventent le bebop. Charlie Parker, Dizzy Gillespie,Thelonious Monk, Charlie Christian...De grands noms apparaissent.
Technique et plus cérébral que le swing, le bebop s'éloigne de la danse et perd de ce fait l’adhésion du grand public.
Mais dans les caves de St-Germain-des-Prés, fêtant la Libération, la jeunesse parisienne danse, emmenée par les orchestres américains ou français. Boris Vian, alors critique de jazz (entres autres métiers !) les invite à Paris, et la folie du jazz se propage en Europe de l'Ouest.
Le mouvement des droits civiques
Les musiciens noirs, malgré leur talent, restent victimes de la ségrégation raciale qui sévit. Mais le temps du changement est arrivé : en 1955, Rosa Parks refuse de céder sa place à un homme blanc dans un bus. Il s'ensuit le mouvement pour les droits civiques et Martin Luther King en prend la tête, prônant la non-violence.
A la même époque émerge une autre figure, plus vindicative, revendiquant un nationalisme noir : Malcolm X, assassiné en 1965.
La révolution est en marche et l'évolution du jazz classique en est l'expression et le reflet.
Les années 70
La Motown et Stax
De 1959 à 1972, la communauté noire crée ses propres maisons de disques : Motown et Stax, qui produisent la soul music, (musique de l'âme), et le rhymn'blues.
Elevé au sein de La Motown, Stevie Wonder culmine au sommet, par ses paroles de paix et sa soul dansante, qui résonnent encore à nos oreilles, comme par exemple : It's time to learn : this world was made for all men (il est temps d'apprendre que le monde est fait pour tous les hommes).
En 1972 Stax Records commémore l'anniversaire des révoltes raciales de Watts, qui ont causé de nombreux morts. Plusieurs stars de la musique afro-américaine de l'époque défilent sur scène lors du festival Wattstax.
The Blackexploitation
L'auto-production concerne également le cinéma, qui revalorise l'image des Afro-américains. Les bandes originales sont signées par des soulmen qui deviendront des stars.
La télévision aussi participe : Soul Train est le premier programme TV américain visant le public noir. Y sont donc invités exclusivement des artistes afro-américains, entourés de danseurs amateurs souvent chevronnés, laissant libre cours à leur grande créativité.
The Black Panthers
Le mouvement se radicalise à la fin des années 60. les Black Panthers prennent le contrepied de Martin Luther King, défendant un programme en dix points sur l'auto organisation et l'auto défense des Noirs. Leurs discours et actions on un impact considérable sur l'engagement politique des plus défavorisés, notamment sur les femmes, parties intégrantes et actives. Une de ses figures les plus rayonnantes encore aujourd'hui, est Angela Davis. Il n'est plus question de non violence ou de Terre Promise comme dans les negro-spirituals. Les chansons deviennent de plus en plus vindicatives et réalistes, décrivant des conditions de vie sordides dans les ghettos noirs.
Le slogan Black is beautiful étant bien ancré, à la fin des années 60 le jazz est de nouveau jugé inapproprié dès qu'il est repris par des Blancs.
James Brown nous offre donc la funk, pour faire transpirer et danser le public. Elle fait fureur au cours des années 70 et 80, grâce à ses rythmes syncopés et ses cuivres issus du jazz New Orleans initial. De nombreux rejetons sont issus de son groupe, blancs et noirs, femmes et hommes, arborant un style plus ou moins psychédélique.
Radio : la playlist de votre été
La radio de Jordan à écouter sur MusicMe
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La musique ne meurt jamais
Ils nous ont quittés récemment, et pourtant ils nous accompagneront encore longtemps
à travers leur musique, qui reste éternelle.
Voici quelques extraits de leurs récents concerts :
Sélection de CD et d'albums numériques
Déconfinement en douceur (2)
En plein déconfinement, il faudra être encore un peu patient avant de retrouver les salles de concert dans des conditions normales. Pour patienter, ARTE Concerts propose en accès libre et en haute définition le streaming de plus de 600 concerts filmés. Il y en a pour tous les styles : hip-hop, classique, rock ou encore musique électronique. Vous y trouverez forcément votre bonheur !
Accedez au site ARTE concert
Déconfinement en douceur (1)
Les salles de spectacles fermées, la musique est encore loin des yeux, mais encore plus près de nos oreilles.
Les spectacles fleurissent à foison sur les plateformes et sites des salles de concerts. Retrouvez chaque semaine un concert sélectionné parmi ce petit florilège d'artistes et spectacles en commençant par le fameux concert de Led Zeppelin enregistré à Londres en 2007 : Celebration Day.
Led Zeppelin
Mon coup de coeur est disponible à la médiathèque
- Sélection de CD et d'albums numériques