Syracuse

Avis des professionnels

• Une lecture recommandée 5/5

  Zuckerman l'écrivain (personnage qu'on retrouve dans d'autres romans de Roth) retrouve Seymour Levov 40 ans après leur adolescence . Adolescent, Zuckerman était fasciné par celui qu'il surnommait le Suédois, véritable vedette sportive du lycée de Newark remportant des récompenses chaque année. Levov ne semble plus être le même et l'écrivain le pense vide, creux proche du néant . Levov a repris l'usine de production de gants de son père, fils d'immigrés juifs. Il a épousé miss New Jersey catholique d'origine irlandaise dont il a divorcé et s'est remarié. Il est fier de ses enfants, de sa réussite professionnelle et surtout de son " américanisation " si importante aux yeux d'un petit fils d'immigrants juifs . A ses yeux ce parcours n'est possible qu'aux États Unis et il a réussi en se fixant des buts entre autre l'achat d'une maison en pierres entourée d arbres centenaires. Il est devenu plus Américain que les Américains . Mais il manque un pan de sa vie dramatique que l'écrivain reconstruira petit à petit. Sa fille rebelle Merry a mené des actions terroristes dans le cadre de la lutte contre la guerre du Viet Nam et pour les droits civiques. Il l'a perdue de vue quand elle a pris la fuite et cinq après les événements est tombée dans d'autres excès. Elle est de toute façon l'antithèse de son père. Elle hait l'Amérique que son père adorait et lui crache à la figure. Cette fille qu'il a élevée avec amour et patience lui est étrangère. Il cherche à quel moment tout a dérapé. Quel geste ou quel événement a réussi à engendrer tout ce drame. Il reconnaît en elle le besoin d'absolu mais ne la comprend pas. Tout le roman est une traversée de trente années de l'Amérique . Très argumentée, drôle malgré tout, grinçante, cynique. Avec une étude très fouillée des caractères et psychologie des personnages enfermés dans leurs certitudes et leur morale.

  CL - Le 22 mai 2020 à 10:01